
L’art de la mise au vert: entre efficacité et plaisir
Deux jours sont un compromis idéal pour aborder tous les sujets de manière efficace, tout en apprenant à se connaître et en prenant du plaisir. L’équilibre est essentiel pour le succès.
En début d’année, que cela soit au sein d’un département, d’un comité de direction ou même d’un conseil d’administration, j’aime prendre le temps avec les équipes. L’objectif ? L’alignement stratégique.
Des «mises au vert» (ou «séminaires d’entreprise») productives donc – un pléonasme pour moi-, mais que j’ai aussi appris avec le temps à assouplir.
Du bon dosage des ingrédients
Parlons tout d’abord format. Quelle durée, et comment amener ce petit «plus» qui fera que les gens n’auront pas la sensation d’avoir enchainé des réunions, mais bien d’une mise au vert?
Pour avoir testé plusieurs durées, 2 journées est un bon compromis. Ni trop court, ce qui ne permettrait pas de passer en revue tous les sujets, ni trop long, ce qui offrirait au contraire «trop» de temps au risque de perdre en efficacité. Ce format, je l’ai testé chez Qualibroker, puis aujourd’hui chez Silicom avec l’équipe de Direction.
Parlons maintenant objectif. Il y a quelques années, la valeur de ces séminaires reposait selon moi uniquement sur leur efficience. J’aimais avoir un planning très dense, très serré, avec l’objectif de sortir avec le maximum d’actions, de stratégies et d’évolutions. Une boulimie stratégique en somme, qui certes pouvait se révéler parfois efficace, mais aussi frustrante (sur le moment mais aussi au long de l’année avec trop d’objectifs à atteindre) et stressante pour les participants, moi y compris. Mais avec le temps, j’ai appris à tempérer cela.
De la boulimie à un sain équilibre
Si dans les grandes lignes ma vision pour ces deux jours est claire – planifier l’année et traiter des thèmes de fond que nous n’avons pas, avec la Direction, le temps de traiter au quotidien -, j’ai passablement changé la structure de ces journées, avec des objectifs bien différents.
Aujourd’hui, tout en gardant deux jours de sortie, je me cantonne à trois objectifs:
- La réflexion stratégique sur un ou deux thèmes clefs où on peut s’autoriser de prendre un peu de temps.
- Apprendre à mieux se connaître.
- Se faire plaisir ensemble.
En termes de temps passé par objectif, je les mets tous au même niveau et organise les deux jours afin que nous passions un tiers de notre temps sur chacun d’eux. Naturellement, dans un cadre professionnel, nous aurions tendance à passer le plus de temps sur la partie professionnelle, mais je pense essentiel de prendre autant de temps pour chacun des objectifs.
Stratégie, échange, plaisir
Pour les thèmes stratégiques, j’essaye de traiter des thèmes qui pourraient évoluer dans les 12 prochains à 18 prochains mois maximum pour que cela reste concret, en essayant vraiment de garder de la hauteur. Si, à la fin, nous avons un plan sur ces deux thèmes, et un alignement, l’objectif est atteint.
L’objectif de mieux se connaitre peut sembler surprenant. J’utilise des exercices du type icebreaker ou exercice de développement personnel afin de ramener une dimension différente dans nos échanges. Je pense que c’est d’autant plus important dans des équipes comme Silicom qui ne travaillent pas quotidiennement ensemble et/ou sont sur plusieurs sites. Ce n’est pas un exercice simple, et il faut y aller par étape (spoiler: si vous demandez aux gens de parler de leur enfance alors que les personnes ne se connaissent pas bien, cela sera un échec cuisant). Tout est question, là encore, de dosage. Ne pas hésiter aussi à faire intervenir un modérateur ou coach externe si on ne se sent pas à l’aise de le faire soit même.
Pour la dimension plaisir, le mentionner clairement comme objectif du séminaire et en tant qu’objectif pour nous, organisateur, nous force à travailler le sujet. Cela peut se faire par le biais d’une activité singulière, un repas hors du commun ou un lieu auquel les personnes n’auraient pas accès. Il faut mettre de l’énergie pour bien organiser ce point car cette partie sera finalement ce qui restera le plus dans les esprits… et ce même des années après.
Mobiliser des personnes si longtemps est un réel investissement pour l’entreprise. Le gros challenge pour ce genre de sortie est, justement, d’accepter de prendre le temps. À mes yeux, le bénéfice ne se trouve pas dans une feuille de route et liste de tâches à rallonge, mais bien dans l’échange humain. Et dans un monde toujours plus digital, nous nous devons plus que jamais, en tant que dirigeant.e.s, de mettre de l’énergie pour que les personnes se retrouvent.